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Vous connaissez peut-être le Kopi Luwak, qui était jusqu’à récemment considéré comme le café le plus cher du monde. Si ce n’est pas le cas, son procédé de fabrication, que nous expliquons dans cet article, va vous surprendre, voire vous horrifier. Vous verrez aussi le côté obscur de ce breuvage d’exception encensé par les baristas, qui se résume en deux mots : maltraitance animale.
Le kopi Luwak: d’abord consommé par les esclaves des plantations, au XVIIIème siècle
Le Kopi Luwak aurait été découvert au XVIIIème siècle en Indonésie. Les colons néerlandais avaient alors lancé la culture du café, sur les îles de Sumatra et de Java. Les esclaves qui travaillaient dans ses plantations n’étaient bien sûr pas autorisés à consommer les délicieux grains.
Cependant, le luwak, un petit mammifère omnivore, n’avait que faire de cet interdit. Une fois la nuit tombée, il se régalait impunément des précieuses cerises de café.
Les esclaves ramassaient alors en douce ses excréments au petit matin pour récupérer les grains débarrassés de leur pulpe. Ils n’avaient ensuite plus qu’à les sécher puis à les torréfier pour fabriquer leur propre café.
Il est aujour’dhui considéré comme un des meilleurs café du monde. Est-ce vraiment le cas ?
Le kopi luwak (ou café de civette): parmi les cafés les plus cher du monde
La digestion des grains de café par le luwak permet de fabriquer un breuvage beaucoup moins amer que le café traditionnel. On remarque également un goût plus chocolaté et caramélisé, avec des traces marquées de noisette.
Comme le blue Mountain la réputation du Kopi Luwak a donc vite atteint les propriétaires des plantations, qui en ont fait leur café fétiche. Avant de se propager dans le monde entier, lorsque Tony Wild importe en Europe les grains prisés des connaisseurs de café, en 1991.
La fabrication du Kopi Luwak demande par ailleurs beaucoup de travail. Qu’elle soit industrielle ou artisanale. La production mondiale n’a donc jamais véritablement réussi à satisfaire la demande.
Partagée entre l’Indonésie, qui concentre la majorité des élevages de luwaks, mais aussi la Thaïlande, les Philippines, la Chine et le Vietnam, elle est d’ailleurs très difficile à quantifier précisément.
Le prix du Kopi Luwak a donc naturellement augmenté, jusqu’à atteindre des sommets, depuis la fin du XXème siècle. Une tasse de ce café de luxe peut ainsi coûter la bagatelle de cent dollars dans certains bars et restaurants occidentaux. Le kilo des grains est, quant à lui, vendu entre 200 et 400 dollars.
Le Kopi Luwak est donc devenu, dans l’imaginaire occidental, le café de luxe par excellence, destiné aux plus fins gourmets. Oprah Winfrey le propose ainsi à ses invités dans son show, à partir de 2003.
Des films le mettent en scène. Par exemple, en 2007, « The Bucket List » (« Sans plus attendre, en version française). Le directeur d’hôpitaux interprété par Jack Nicholson y adule le délicieux breuvage, jusqu’à ce qu’un Morgan Freeman en mécanicien lui raconte la véritable origine du produit.
La remise en cause depuis quelques années du processus de production industriel du Kopi Luwak
Les excréments de luwak sont traditionnellement récoltés dans la nature afin de fabriquer le précieux breuvage. Cependant, la flambée des prix du café a conduit des producteurs peu scrupuleux à capturer les mammifères normalement sauvages. Ceux-ci sont désormais souvent gardés dans des cages exiguës et surpeuplées près des plantations de café.
Ainsi, un rapport récent publié dans le magasine Animal Welfare a évalué les conditions d’élevage de plusieurs luwaks appartenant à seize plantations différentes. Les conclusions de l’enquête sont édifiantes. La production industrielle du Kopi Luwak y est assimilée à une industrie esclavagiste.
Les luwaks en captivité voient en effet leur régime alimentaire réduit aux seules cerises de café, alors qu’il est normalement beaucoup plus varié. D’autre part, ils souffrent de claustrophobie et sont soumis à un stress important qui peut les conduire à s’automutiler.
Ce commerce s’avère cependant très lucratif dans un pays où plus d’un habitant sur cinq doit vivre avec un dollar par jour. Une enquête menée par Le Point raconte ainsi qu’entre mars et mai, Rustico Montenegro et sa femme, un couple de Philippins, récoltent quotidiennement environ huit kilos de grains. Puisqu’un kilo est valorisé à 1200 pesos, chaque journée de travail leur rapporte donc environ 190 dollars.
Les mauvaises conditions de vie des luwaks utilisés pour produire le Kopi Luwak peuvent donc dissuader de goûter ce breuvage d’exception. Cependant, si vous souhaitez vraiment déguster du café qui a séjourné dans des excréments, nous avons la solution.
En Thaïlande, des éléphants produisent en effet du café de la même manière que le luwak. Les cerises de café leur sont cependant proposées en plus de leur régime alimentaire.
La production est d’autre part strictement limitée, tandis que 8% de bénéfices sont reversés à des associations qui protègent les éléphants dans le Triangle d’Or. Bref, c’est l’occasion rêvée de concilier votre amour pour le café et les considérations éthiques.